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Symphony Concert Hall
1380 Fuxing Zhong LuShanghai China
La Double Coquette
Antoine Dauvergne, La Coquette trompée (1753) sur un texte de Charles-Simon Favart
Gérard Pesson, prologue, additions et orchestrations sur un texte de Pierre Alferi
Costumes, Annette Messager
Lumières, Gilles Gentner
Collaboration artistique, Fanny de Chaillé
Ensemble Amarillis (11 musiciens)
Direction musicale, Héloïse Gaillard et Violaine Cochard
Maïlys de Villoutreys, soprano
Isabelle Poulenard, soprano
Robert Getchell, taille
Commande et version de concert produites par la Scène nationale de Besançon et l’Ensemble Amarillis avec le concours de la Fondation Orange
Durée : 75 minutes sans entracte
«ENTRER DANS UNE ŒUVRE DU XVIIIE SIÈCLE ET S’Y SENTIR CHEZ SOI»
On m’a souvent attribué, à tort ou à raison, le rôle de « compositeur de la mémoire », celui qui écrit souvent ses musiques à partir d’œuvres préexistantes, mais on ne m’a jamais fait, dans ce registre, une proposition aussi radicale que celle imaginée par Héloïse Gaillard et l’ensemble Amarillis : entrer littéralement dans une œuvre du XVIIIe siècle pour m’y sentir chez moi. J’ai donc pénétré dans cette si belle musique d’Antoine Dauvergne en apportant mes meubles. Avec les propositions fines, astucieuses de Pierre Alferi, nous sommes entrés dans la dramaturgie même du livret de Favart de manière à ce que le sujet aille jusqu’à son ultime et peut-être logique conclusion. Le livret d’Alferi est tissé de suggestions musicales. Ainsi, une danse de Dauvergne, arrangée ou dé- tournée, peut fournir la musique d’un passage du nouveau texte. De même qu’à la fin, le rituel vaudeville de fin de tout opéra comique a été totalement réécrit par Pierre Alferi pour coller à la musique de Dauvergne que j’ai « colorisée ».
Ici, la résonance d’un accord de Dauvergne se prolonge, là, s’ajoute simplement une note tenue. Nous dévelop- pons un récitatif, mais comme pour donner la parole en aparté à un des personnages. Des citations peuvent passer comme des clins d’œil (un thème du film Blanche-Neige, un autre de Carmen), ou bien des manières d’élocution comme le rap ou le « morse expressif ».
Les parodies d’opéra étaient une pratique courante au XVIIIe siècle et l’opéra comique français vient ni plus ou moins de l’art de la foire. Ces œuvres déduites disaient d’ailleurs beaucoup des originaux ; elles en étaient une sorte de baromètre. C’est ce que nous avons fait ici, écho, écart, détournement, je n’ose dire customisation : deux coquettes, deux librettiste, deux compositeurs, et finalement deux visages d’une même figure.
Gérard Pesson (septembre 2014)
Antoine Dauvergne, La Coquette trompée (1753) sur un texte de Charles-Simon Favart
Gérard Pesson, prologue, additions et orchestrations sur un texte de Pierre Alferi
Costumes, Annette Messager
Lumières, Gilles Gentner
Collaboration artistique, Fanny de Chaillé
Ensemble Amarillis (11 musiciens)
Direction musicale, Héloïse Gaillard et Violaine Cochard
Maïlys de Villoutreys, soprano
Isabelle Poulenard, soprano
Robert Getchell, taille
Commande et version de concert produites par la Scène nationale de Besançon et l’Ensemble Amarillis avec le concours de la Fondation Orange
Durée : 75 minutes sans entracte
«ENTRER DANS UNE ŒUVRE DU XVIIIE SIÈCLE ET S’Y SENTIR CHEZ SOI»
On m’a souvent attribué, à tort ou à raison, le rôle de « compositeur de la mémoire », celui qui écrit souvent ses musiques à partir d’œuvres préexistantes, mais on ne m’a jamais fait, dans ce registre, une proposition aussi radicale que celle imaginée par Héloïse Gaillard et l’ensemble Amarillis : entrer littéralement dans une œuvre du XVIIIe siècle pour m’y sentir chez moi. J’ai donc pénétré dans cette si belle musique d’Antoine Dauvergne en apportant mes meubles. Avec les propositions fines, astucieuses de Pierre Alferi, nous sommes entrés dans la dramaturgie même du livret de Favart de manière à ce que le sujet aille jusqu’à son ultime et peut-être logique conclusion. Le livret d’Alferi est tissé de suggestions musicales. Ainsi, une danse de Dauvergne, arrangée ou dé- tournée, peut fournir la musique d’un passage du nouveau texte. De même qu’à la fin, le rituel vaudeville de fin de tout opéra comique a été totalement réécrit par Pierre Alferi pour coller à la musique de Dauvergne que j’ai « colorisée ».
Ici, la résonance d’un accord de Dauvergne se prolonge, là, s’ajoute simplement une note tenue. Nous dévelop- pons un récitatif, mais comme pour donner la parole en aparté à un des personnages. Des citations peuvent passer comme des clins d’œil (un thème du film Blanche-Neige, un autre de Carmen), ou bien des manières d’élocution comme le rap ou le « morse expressif ».
Les parodies d’opéra étaient une pratique courante au XVIIIe siècle et l’opéra comique français vient ni plus ou moins de l’art de la foire. Ces œuvres déduites disaient d’ailleurs beaucoup des originaux ; elles en étaient une sorte de baromètre. C’est ce que nous avons fait ici, écho, écart, détournement, je n’ose dire customisation : deux coquettes, deux librettiste, deux compositeurs, et finalement deux visages d’une même figure.
Gérard Pesson (septembre 2014)